4 février 2010 Neuilly : L'Europe dans le monde d'aujourd'hui

Publié le par Mouvement Européen des Hauts de Seine

  Compte rendu du débat organisé par les délégations de Puteaux et de Neuilly du Mouvement Européen 92

fromentin jean christophedenis badré 
 

Martine Cabanne et Marie Christine Servant, responsables des délégations de Puteaux et de Neuilly du Mouvement Européen, accueillent les nombreux participants, les deux orateurs et, notamment le Maire de Neuilly qui met généreusement la Maison des Associations à la disposition de notre mouvement.

En ouvrant le débat, Jean-Christophe Fromantin se dit interpellé par le refus du Président Obama de participer à un sommet entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Quelle est, pour le président de la première puissance mondiale, et sans doute d’autres acteurs mondiaux, la place de l’Europe aujourd’hui? 

Il s’interroge aussi sur la séquence entre l’élargissement et l’approfondissement de l’Union.

 

Denis Badré félicite les organisateurs de ce débat et se dit heureux que l’on parle d’Europe ici aujourd’hui, en l’absence de referendum ou d’élections européennes:       « L’Europe, c’est nous », dit-il.

Commentant les doutes d’Obama au sujet de l’intégration européenne, il souligne qu’un monde qui s’articulerait autour du seul dialogue entre les Etats-Unis et la Chine ne serait plus le même et que les puissances qui émergent aujourd’hui, qu’il s’agisse de la Chine, de l’Inde ou du Brésil ont d’autres systèmes de référence que les nôtres.

 

L’Europe a d’abord été un pardon et une promesse, celle adressée aux villages d’Alsace de l’immédiat après-guerre, avec la conviction des Pères fondateurs que, « le jour où les Européens travailleraient ensemble, ils ne se feraient plus la guerre ».

Aujourd’hui, cet enjeu paraît ne plus exister pour les jeunes générations – preuve, soit-dit en passant, du succès de la construction européenne- mais il faut voir celle-ci avec les yeux des non-Européens et notamment de ceux qui aspirent à entrer dans l’Union.

 

La primauté du droit, des droits de l’homme et de la démocratie sont les trois valeurs qui fondent le Conseil de l’Europe, où siège Denis Badré, qui cite également l’encyclique Populorum progressio de Paul VI, pour lequel « la paix, c’est le développement », pour souligner notre devoir de solidarité vis-à-vis d’autres parties du monde. « L’Europe, conclut-il, a quelque chose à dire au monde ».

 

Certes l’actualité européenne nous déçoit parfois, qu’il s’agisse par exemple de l’échec de Copenhague ou du drame d’Haïti, où notre solidarité, qui a été réelle, ne s’est pas affichée avec suffisamment de clarté.

 

Il y a eu aussi les messages brouillés de plusieurs referendum. A ce sujet Denis Badré réaffirme sa foi en la démocratie parlementaire. Les politiques doivent ouvrir la voie, sachant que s’ils échouent à susciter l’adhésion de leurs concitoyens, ceux-ci ne renouvelleront pas leurs  mandats. Cela est naturellement particulièrement le cas pour des enjeux ou des textes complexes.

 

Le traité de Lisbonne, s’il va moins loin que le projet de constitution, comporte néanmoins des avancées. Il intègre en particulier la Charte des Droits Fondamentaux au sein du corpus juridique de l’Union européenne, ce qui est essentiel.

D’autres de ces avancées sont actuellement en train d’être mises en place et il est trop tôt pour  porter un jugement. S’il a, à ce stade certaines réserves sur la nomination de Catherine Ashton, Denis Badré est optimiste sur Herman Van Rompuy qui, s’il n’est pas charismatique, est un homme de dialogue et de consensus et pourrait inscrire ses pas dans le sillage des pères fondateurs. Il rappelle également ce qu’est, à côté du Conseil qui rassemble les intérêts des Etats-membres, nécessairement divergents, surtout à 27, le rôle central de la Commission européenne, porteuse de l’intérêt commun. C’est sur cet équilibre, mis en œuvre par la « méthode communautaire », que s’est construite l’intégration européenne.

 

Revenant, pour conclure son propos liminaire, sur le Conseil de l’Europe, qui comporte 47 membres dont la Turquie, la Russie et les pays du Caucase, Denis Badré, cite une représentante  lettone pour qui «  la langue est à un peuple ce qu’est le visage à une personne », illustrant ainsi le respect de nos diversités qui caractérise la construction européenne.


 

En réponse à une inquiétude sur les conséquences pour l’ensemble de la zone Euro d’un éventuel plan de sauvetage de la Grèce, Denis Badré estime que si le problème se limite à ce pays, il ne mettrait pas en péril l’Euro.

Au début du débat, il est signalé qu’une des conséquences de la mise en place des institutions européennes sera que la ville de Neuilly comportera une députée européenne, en la personne de Constance Le Grip, qui, sous réserve de la validation de la Commission par le Parlement  occupera le siège de Michel Barnier nommé commissaire, en charge du marché intérieur.

Le débat se focalise alors sur l’Europe dans la mondialisation. Un participant exprime son inquiétude que l’affirmation, assez souvent mise en avant, selon laquelle l’Asie serait l’atelier du monde tandis que la matière grise demeurerait « chez nous », n’apparaisse aujourd’hui dérisoire, ce que confirme d’ailleurs l’évocation par Denis Badré de la qualité des informaticiens indiens de Bengalore. Plusieurs participants, pour illustrer ces délocalisations massives,  échangent leurs vues sur l’évolution mondiale du textile.

 

Jean-Christophe Fromantin attend du Conseil européen exceptionnel convoqué le 11 février par Herman Van Rompuy qu’il définisse une stratégie de sortie de crise. Il souligne que, selon lui, le monde se polarise ; l’un des axes est celui entre les Etats-Unis, dont le redressement semble pouvoir être plus rapide que prévu, et la Chine. L’Europe devrait s’appuyer sur son patrimoine économique.

 

 Jean-Christophe Fromantin cite l’industrie agro-alimentaire qui a su prendre appui sur l’agriculture et la tradition gastronomique françaises et constituer des groupes puissants tout en faisant vivre, outre les agriculteurs, de nombreuses entreprises artisanales. Un contre-exemple, selon lui, est celui de la filière du vin qui, par une mauvaise analyse du marché mondial, n’a pas su exploiter ses positions face à des concurrences extérieures. L’essentiel est de mettre en œuvre une stratégie de différentiation tirant parti de ses avantages concurrentiels.

 

Il préconise la mise en place d’un Fonds d’investissement stratégique européen pour favoriser la mise en place d’une telle stratégie.

 

Cette question pose naturellement le problème de l’instauration d’une forme de « gouvernement économique » de la zone Euro ; on sait la réticence de l’Allemagne face à un tel concept mais on peut former le vœu que la présente situation de la crise, et notamment  la situation de la Grèce, la conduise à évoluer dans ce domaine.

     

Bernard Pottier

 

Publié dans Evenements ME92

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